Les entreprises du BTP investissent dans la transition énergétique

Le plan de relance prévu pour endiguer les conséquences de la crise de Covid-19 est prévu pour se diriger dans le sens de la transition énergétique. Et les quelque 536 000 entreprises du BTP en France sont très impliquées dans cette transition. Plus que jamais, le rôle des salariés du secteur au sein de cette transition est à souligner, ainsi que les projets d'infrastructures « vertes », de construction ou de rénovation.

Une crise de Covid-19 qui a mis à l'arrêt le BTP mais a stimulé la transition énergétique du secteur

À l'instar de nombreux secteurs, le BTP a été fortement bousculé par la crise sanitaire et économique de Covid-19 : mise à l'arrêt des chantiers, ralentissements en raison du protocole sanitaire, retrait ou retards des commande... Isabelle Mary, directrice générale de Batiroc Bretagne Pays de la Loire, filiale de la Caisse d'épargne constate une baisse de l'activité « de 20 % environ ».

« Avec les élections, nous anticipions une petite année. L'épidémie nous contraignant à arrêter les chantiers pendant plus d'un mois a naturellement aggravé le phénomène », explique Paul Bazireau, président du directoire de l'Entreprise Charier, une ETI nantaise spécialisée dans les travaux publics à Ouest France. Mais ce dernier n'est pas si pessimiste car, selon ses mots, « la crise a un effet accélérateur de la transition écologique et énergétique, qui passe nécessairement par des travaux d’infrastructures. »

Les efforts et la solidarité des salariés du BTP en 2020 sont à saluer

En accord avec ce fait, Paul Bazireau appuie : « nous ne posons pas l'hypothèse que l'épidémie s'arrêtera rapidement. Nous vivons une transition unique et devons avoir une organisation compatible avec cela ». Dans un tel contexte, il salue les efforts et la solidarité des salariés tout en mentionnant certains choix difficiles de son groupe : « La Covid-19 a révélé tout l'intérêt des actions menées depuis des années sur ces sujets. Nos salariés ont fait preuve d'une vraie solidarité, acceptant de solder leur RTT pendant le confinement, décalant leurs congés d'été pour rattraper des retards. Ces valeurs partagées ne sont pas que des mots ».

Le président du groupe Anvolia, spécialisée dans les systèmes de climatisation, chauffage et ventilation Marc Faburel confirme : « Le climat très sain qui règne dans l'entreprise nous a beaucoup aidés. Les efforts dans la QSE (qualité service environnement) sont payants. Face à la situation, nous avons aussi responsabilisé plus les personnes. Une autonomie qui nous a fait gagner beaucoup de temps dans la pose. Nous allons continuer. »

L'innovation technologique au service de la transition énergétique

De surcroît et pour accélérer cette transition énergétique, les entreprises n'hésitent pas à recourir au BIM (Building Information Modeling), un outil numérique collaboratif permettant au secteur du BTP d'optimiser son empreinte écologique. « Concernant l'écoconduite, cela nous a permis de réaliser 17 % d'économie sur notre consommation de carburant », explique par exemple Paul Bazireau. En effet, la transition énergétique ne se fait pas sans la transition numérique.

En outre, les entreprises du BTP s'investissent dans des projets de construction répondant aux normes énergétiques et affichant des bilans énergétiques les plus « propres » possibles. À l'heure actuelle, la tendance est aux bâtiments « passifs », c'est-à-dire consommant autant d'énergie qu'ils en produisent. Cela peut passer par une isolation et une exposition optimisées ou encore par la pose de panneaux solaires.

Mais avec le plan de relance de 2020, qui insiste avant tout sur les projets de rénovation plus que de construction, les enjeux en termes d'aménagement du territoire et d'accessibilité à différents services (commerces, écoles...), le BTP doit redoubler d'innovation. Le travail sur les matériaux est par exemple un point majeur de cette transition énergétique. « Nous cherchons à utiliser dans les sous-couches des matériaux biosourcés et renouvelables comme le chanvre », affirme par exemple Paul Bazireau.