Un conseil de déontologie journalistique va être créé

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27 nov. 2019 Théophile Robert 1438 vues

Des journalistes, représentants de la presse française et citoyens vont lancer le CDJM : le « conseil de déontologie journalistique et de médiation ». Cette nouvelle organisation sera établie le 2 décembre prochain à Paris. Son objectif est clair : endiguer la très grande défiance de la population française envers les médias.

La défiance des Français envers les médias

Mettre en place un organe de contrôle non-étatique dans le journalisme : l'idée ne date pas d'hier. Elle avait notamment refait surface lors de la crise des gilets jaunes, mouvement qui cristallisait entre autres la défiance du peuple français envers les médias. « Ce mouvement, considérant les médias traditionnels comme un problème, a pris une grande ampleur durant l'automne 2018 », explique Alice Antheaume, correspondante française pour l'institut Reuters et directrice exécutive de l'éole de journalisme de Sciences Po Paris. « Sans leader, ni structure, ni agenda, ce mouvement a été difficile à couvrir pour les journalistes », ajoute-t-elle. « Certains considèrent que les médias français ont couvert le mouvement de manière trop sensationnaliste par exemple. Depuis le début des manifestations, plusieurs attaques physiques et verbales ont été recensées envers des journalistes », allègue-t-elle.

En effet, la confiance des Français envers leurs institutions d'information est en baisse constante. D'après un rapport réalisé par Reuters, 24% des Français faisaient confiance à l'information livrée par les médias en 2019. C'est 11% de moins que 2018 et 14% de moins qu'en 2015 ! Et cette baisse constatée en France est bien plus drastique que dans des pays tels que l'Allemagne, où la confiance envers les médias se situe à 47% ou le Royaume-Uni (40%).

Un « organe professionnel d'autorégulation, indépendant de l’État », mais pas un tribunal

Ainsi, l’Observatoire de la déontologie de l'information (ODI) a annoncé ce lundi 25 novembre la date de l'« assemblée générale fondatrice » : le 2 décembre. L'ODI est une association qui publie un rapport tous les ans et contribue à ce projet de conseil de déontologie. Elle précise que ce CDJM sera bien un « organe professionnel d'autorégulation indépendant de l'état » qui servira la fonction d' « instance de médiation et d'arbitrage entre les médias, les rédactions et leurs publics ». Il se présentera également comme un espace « de réflexion et de concertation pour les professionnels et de pédagogie envers les publics ». L'objectif serait en outre de lutter contre le phénomène des « fake news », recrudescent sur le net.

Toutefois, il ne s'agit pas de faire du CDJM un « ordre des journalistes, un tribunal de la pensée ou une instance de censure », ni « une instance étatique et administrative ». D'ailleurs, cela provoquerait probablement une défiance encore plus grande de la population envers les médias. En tant que conseil de déontologie, le CDJM pourra donc être saisi par le public ou en interne pour tenter de résoudre les tensions en prononçant des avis, sans toutefois donner de sanction.

La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, Union Européenne... les soutiens à cette initiative

Un tel organe existe déjà dans la plupart des pays européens : Arménie, Belgique flamande, Danemark, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas... Emmanuel Hoog, ex-PDG de l'INA (Institut national de l'audiovisuel) et de l'AFP a également soutenu cette initiative.

Mais c'est aussi Jean-Luc Mélenchon qui s'était montré favorable à un tel projet. Il y voyait « une belle avancée vers un droit de recours citoyen face aux médias » en puissance. Le leader de La France Insoumise a également soutenu que le CDJM devrait avoir « un pouvoir de sanction symbolique réel et reconnu », nécessitant « l'appui du gouvernement et du législateur ».

Un conseil de déontologie qui fait polémique

Malgré tout, la création d'une instance telle que le CDJM ne met pas tout le monde d'accord. L'idée d'un conseil de déontologie journalistique avait engendré des débats houleux dans la sphère médiatique et créer de nombreuses dissensions dans le métier. En effet, certains y accordaient une volonté de mettre la presse au pas. De surcroît, le secrétaire d’État au numérique Cédric O avait déclenché de vives réactions lorsqu'il s'était positionné en faveur d'un « conseil d'ordre des journalistes ». Il avait par la suite affirmé avoir prononcé des « paroles malheureuses » et reconnu que l’État n'avait pas sa place dans les questions de déontologie journalistique.

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